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Le concept de philosophie de Husserl

Published online by Cambridge University Press:  05 May 2010

Claude Piché
Affiliation:
Université de Montréal

Extract

La première partie de la grande étude de Husserl sur le thème de la Krisis a pour titre «La crise des sciences comme expression de la crise radicale de la vie de l'humanité européenne». Par cette formulation, on pourrait être porté à croire que Husserl voit dans la crise de la science la simple conséquence secondaire d'une crise beaucoup plus profonde se situant à l'échelle de l'humanité européenne entière. Et pourtant il n'en est rien. Dans la suite du texte, Husserl s'applique à démontrer que le rapport d'implication entre l'humanité en crise et les sciences doit plutôt être considéré à l'inverse. Le problème de l'humanité européenne réside au premier chef dans cette crise des sciences; si bien qu'il est sans doute possible, dans un premier temps, de voir dans la crise des sciences une simple «expression » de la détresse de l'Europe, mais à y regarder de plus près, c'est celle-là qui est cause de la crise radicale de la vie de l'humanité européenne.

Type
Articles
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Copyright © Canadian Philosophical Association 1982

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References

1 Die Krisis der europäischen Wissenschaften und die transzendentale Phänomenologie, Husserliana VI, 1. Nous citons d'après l'édition des oeuvres complétes de Husserl (Husserliana) entreprise sous la direction de H. L. van Breda chez Martinus Nijhoff à La Haye. Le chiffre remain renvoie aux différents tomes parus successivement depuis 1950 chez le même éditeur. En régie générate, les références à l'original sont accompagnées des renvois aux traductions françaises disponibles. Ainsi dans le cas présent, voir la traduction de Granel, G.: La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale (Paris: Gallimard, 1976), 7.Google Scholar Pour le passage cité, nous avons préferé demeurer plus près de la lettre du texte allemand en traduisant «de l'humanité européenne» plutôt que «dans l'humanité …”, comme le fait Granel.

2 Voir en particulier Husserliana VI, § 5, 10; trad, franç., 18.

3 Cf. la conférence de Vienne de mai 1935 Die Krisis des europäischen Menschentums unddie Philosophie jointe en annexe in Husserliana VI, 347Google Scholar; treduction Granel, G.: La crise de I'humanité européenne et la philosophie, in Husserliana VI, 382.Google Scholar Nous traduisons Veräusserlichung par «aliénation» là où Granel emploie «extraneation».

4 Husserliana VI, § 2, 4; trad, franç., 10.

5 Husserliana VI, § 2, 3; trad, fraç., 9.

6 Logische Untersuchungen, tome I, § 63, Husserliana XVIII, 233; traduction Elie, H., Kelkel, A. et Scherer, R.: Recherches logiques, 2e éd. refondue (Paris, P.U.F., 1969), 255Google Scholar.

7 Husserliana VI, 328–329; trad, franç., 362–363.

8 Cf. Gadamer, H.-G., Wahrheit undMethode (Tübingen: J. C. B. Mohr, 1960), 118,Google Scholar voir également 430–432; traduction Sacre, E.: Vérité et méthode (Paris: Seuil, 1976), 51, 307–310Google Scholar.

9 Husserliana VI, 331 et 340; trad, franç., 365 et 374. Les Cartesianische Meditationen disent plus directement encore “uninteressierter Zuschauer, § 15, Husserliana I, 73 et 75; traduction Lévinas, E. et Peiffer, G.: Méditations cartésiennes (Paris: J. Vrin, 1947, etc.), 3031Google Scholar.

10 Habermas dans sa conférence Erkenntnis und Interesse (1965) a très bien dégagé ces deux moments implicites a la theorie, à savoir l'attitude theorique comme telle et l'anticipation touchant la structure du monde. Cf. in Technik und Wissenschaft als «Ideologie» (Francfort: Suhrkamp, 1968), 150Google Scholar et 154; traduction Ladmiral, J. R.: La technique et la science comme «idéologie» (Paris: Denoël-Gonthier, 1978), 138, 144Google Scholar.

11 Die Philosophie als strenge Wissenschaft, in Logos I, 19101911, 339Google Scholar; traduction Lauer, Q.: La philosophie comme science rigoureuse (Paris: P.U.F., 1955), 122Google Scholar.

12 Husserliana VI, 321; trad, franç., 355.

13 Husserliana VI, 332, voir 10–11; trad, franç., 366, 18.

14 Formale und transzendentale Logik, Husserliana XVII, 9; traduction Bachelard, S.: Logique forme lie et logique transcendantale (Paris: P.U.F., 1957), 8Google Scholar.

15 Husserliana VI, 332–333; trad, franç., 366–367.

16 Husserliana XVII, 10; trad, franç., 10.

17 Husserliana VI, 336; trad, franç, 371.

18 Sur les notions de Unvollständigkeit et de Einseitigkeit voir les Cartesianische Meditationen, § 6, Husserliana I, 55; trad. franç., 12. Cf. également Ideen I, § 138, Husserliana III–l, 319; traduction Ricoeur, P.: Idées directrices …(Paris: Gallimard, 1950), 465Google Scholar.

19 Ideen I, §§3, 4 et 5, Husserliana III–l. 13–18; trad. franç, 19–28.

20 Ideen I, § 19, Husserliana III–l, 43; trad, franç., 66–67.

21 Husserliana XVIII, § 32,118–119; trad, franç., 122–123. Parce qu'il a negligé ce texte du tome premier des Recherches logiques, Tugendhat est amené à considérer comme «contradictoire» le passage de la conception absolutiste de la logique dans le premier tome au point de vue phénoménologique du second tome, dans la mesure où le caractère antipsychologiste des Prolégomènes, où l'on ne voulait avoir affaire qu'à des objets logiques idéaux, doit faire place dans le second tome à un point de vue où le vécu du jugement logique joue un rôle fondatif. Pourtant l'alinéa des Prolégomènes auquel nous renvoyons ici fait déjà intervenir a titre de condition subjective «idéale» et a priori de la vérité de toute théorie un «vécu« qui n'a rien à voir avec les conditions subjectives «réelles», lesquelles font l'objet d'une psychologie empirique. Husserl laisse déjà ici un champ libre à la phénoménologie du tome second qui ne contredit en rien les autres conditions, dites «objectives», abordees dans le tome premier. Cf. Tugendhat, Ernst, Der Wahrheitsbegriff bei Husserl und Heidegger (Berlin: de Gruyter, 1970), 1518.CrossRefGoogle Scholar Le participe «vécu» renvoie ici au verbe allemand «erleben», que la traduction française de l'alinéa 32 rend par «éprouver en (soi-)même».

22 Derrida, Voir Jacques, « «Genèseet structure« et la phénoménologie», in L'écritureet la différence (Paris: Seuil, 1967), 233.Google Scholar

23 «De plus, il faut bien faire ressortir aussi que l'intuition tout entière qui se trouve à la base de la théorie de Lange comme de celle de Kant, et selon laquelle un contenu de relation est le résultat d'un acte de relation, est psychologiquement insoutenable. L'expérience interne—et elle seule est ici décisive—ne nous apprend rien d'un tel processus créateur. Notre activité mentale ne fait pas les relations; elles sont simplement là, et, quand l'intérêt se dirige sur elles de la manière qui convient, elles sont remarquées aussi bien que n'importe quel autre contenu» (souligné par Husserl, Philosophie de l'arithmétique, traduction English, J. [Paris: P.U.F., 1972],Google Scholar 53; Husserliana XII, 42).

24 A propos Brentano, de Franz, voir les leçons de Heidegger, Prolegomena zur Geschichte des Zeitbegriffs, Gesamtausgabe, tome 20 (Francfort: Klostermann, 1979), 2328.Google Scholar Cf. aussi la contribution de Husserl Erinnerungen an Franz Brentano au recueil Kraus, de O., Franz Brentano (Munich: C. H. Beck, 1919), 153167.Google Scholar

25 Die Philosophieals strenge Wissenschaft, in Logos 1, 289et 334; trad, franç., 51 et 115.

26 Logos I, 292; trad, franç., 55.

27 Logos I, 297; trad, franç, 62.

28 Husserliana VI, 239; trad, franç., 363.

29 Husserliana XVII, 7 et 9; trad. franç.,6 et 9. Voir Husserliana I, § 64,179; trad, franç., 130.

30 A cet égard, la dette de Heidegger énvers Husserl est evidente. Qu'on se rappelle seulement ce passage de la conference «La question de la technique» (1953) ou Heidegger affirme que la science n'est pas expérimentale parce qu'elle se dote d'instruments de mesure, mais qu'au contraire elle est expérimentale parce qu'elle procede d'une volonte foncierement technique. Que pres de deux siècles séparent la naissance de la physique mathématique et l'exploitation massive de son potentiel technique a partir de la deuxième moitié du dix-huitième siècle, cette succession de «faits» ne rend pourtant pas compte de l'ordre de préséance véritable. Vorträge und Aufsätze (Pfülligen: Neske, 1954), 25Google Scholar; traduction Préau, A.: Essais et conférences (Paris: Gallimard. 1958), 29Google Scholar.

31 Htisserliana VI, 367–378; traduction et introduction de Derrida, J.: L'origine de la géométrie (Paris: P.U.F., 1962), 178200Google Scholar.

32 Husserliana VI, 372 et 374; trad, franç., 187 et 192.

33 Husserliana VI, 373; trad, franç., 190.

34 Husserliana VI, 376–378; trad, franç., 195–198.

35 Husserliana VI, 375; trad, franç., 192–193.

36 II importe ici de mentionner que la problématique de la «crise» n'est qu'une façon, tardive, pour Husserl de se rapporter au pay sage philosophique de son époque. Dans la mesure où Husserl, comme nous croyons l'avoir montré, a toujours défendu le concept de philosophic comme «théorie pure», on ne s'étonnera pas de voir que déjà dans les Recherches logiques il distingue soigneusement la tâche de la philosophie de celle de ces sciences pures que sont la geometrie et les mathématiques et qu'il n'hésite pas à faire entrer sous la rubrique des «techniques» (Künste). Husserliana XVIII, § 4, 2526; trad, franc., 9–10Google Scholar.

37 Voir à ce propos Natorp, Paul, «Husserls Ideen zu einer reinen Phänomenologie» (1913),Google Scholar in Husserl, recueil d'articles rassemblés Noack, par H., Wissenschaftliche Buchgesellschaft (Darmstadt, 1973), 40.Google Scholar

38 Ideen I, § 24, Husserliana III–l, 51; traduction P. Ricoeur, 78, voir également la note 1 du traducteur.

39 Ideen I, §§ 19, 3 et 23, Husserliana III–l, 42–43, 14 et 50; trad, franc., 65–66, 21 et 78.

40 Ricoeur, Paul, «Etude sur les Méditations Cartésiennes de Husserl», in Revue philosophique de Louvain 52 (1954), 79CrossRefGoogle Scholar et 96. Cf. également l'introduction de Ricoeur à sa traduction des Ideen I, xxvi–xxvii.