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La conviction idéologique par Colette Moreux Montréal, Les Presses de l'Université du Québec, 1978, 126 pages.

Published online by Cambridge University Press:  05 May 2010

Claude Savary
Affiliation:
Université du Québec à Trois-Rivières

Abstract

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Type
Critical Notices/Études critiques
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1980

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References

NOTES

1 Pourtant, l'A. écrit (p. 70): « La pratique idéologique doit ainsi être innocentée de toute acception péjorative:(…) elle est la forme normale et universelle de la connaissance sociale,… ». (N.B.: rigoureusement parlant, une « acception » est le fait d'un signe plutôt que d'une réalité). Nonobstant la dénégation, la conception est négative par le ton de l'exposé et par l'insistance sur certains aspects comme la « mauvaise foi», l'« illusion » et l'« imaginaire », et plus encore par l'idée d'un imaginaire, on le constatera sans cesse ici, qui nie la réalité, fabrique des «images loin du réel», plutôt que d'être «instauration » d'une réalité: cf. les commentaires de Dumont à propos de l'imaginaire chez Poulantzas et Althusser, in Les idéologies, Paris, P.U.F., 1974, pp. 4849.Google Scholar

2 Voir Rempel, F.W., The Role of Value in Karl Mannheim's Sociology of Knowledge, La Haye, Mouton, 1965, pp. 1820.Google Scholar

3 Voir W. Stark, The Sociology of Knowledge. An Essay in Aid of a Deeper Understanding of the History of Ideas, Londres, R.K.P., 1967, pp. 146 sq. et Berger, Peter L. et Luckmann, Thomas, The Social Construction of Reality, New-York, Doubleday, 1967Google Scholar, passim (notamment pp. 12 et 123). Ces derniers notent (p. 12):« Stark goes furthest in leaving behind Mannheim's focus on the problem of ideology ».

4 Ainsi precèdent, par exemple, des analyses comme celle de Reid, Ph. («La Croix, 1923–1924», in Dumont, Hamelin, Montminy (dir. de publ.), Idéologies au Canada français 1900–1929, Québec, P.U.L., 1974, pp. 4584)Google Scholar; Bélanger, de A.-J. («Les idéologies et leur désert politique», in Dumont, Hamelin, Montminy (dir. de publ.), Ideologies au Canada-français 1930–1939, Québec, P.U.L., 1978, pp. 2940)Google Scholar; de P. Dandurand, (« Crise économique et idéologic nationaliste, le cas du journal Le Devoir », in loc. cit., pp. 41–60); également la synthèse présentée par Fernand Dumont au début de ce volume (« Les années 30: la première révolution tranquille », in loc. cit., pp. 1–20).

5 Voir Dumont, F., « Note sur l'analyse des ideologies», Recherches sociographiques, IV, 2 (1963), p. 165.Google Scholar

6 Contribution à la critique de l'économie politique, Paris, Ed. Sociales, 1972, pp. 45Google Scholar. On chercherait en vain une circularité vicieuse dans une telle vision des choses. L'argumentation de l'A. contre des théories dites circulaires, dont le marxisme serait un cas important (e.g. p. 115), et qui sont également analysées sous l'étiquette « rationalité de contexte » (pp. 91 sq.) ne me convainc pas beaucoup. Elle me semble plutôt concerner l'aspect polemique et public des savoirs, et leurs utilisations idéologiques, plutôt que leurs structures internes et leur fonctionnement logique. Par ailleurs, toute circularité n'est peut-être pas vicieuse, ainsi que Kuhn le soutient à propos de sa propre théorie (voir The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, The University of Chicago Press, 1970, p. 176Google Scholar). Enfin, les sciences interprétatives et herméneutiques sont délibérément et méthodiquement circulaires.

7 Comme c'est le cas chez Dumont, dans Les idéologies, Paris, P.U.F., 1974, passimGoogle Scholar; la distinction est peut-être encore plus visible dans un article postérieur portant sur un problème particulier: voir Dumont, , « Le projet d'une histoire de la pensée québécoise », dans Philosophie au Quebec (Panaccio et Quintin, dir. de la publ.), Montréal, Bellarmin, 1976, pp. 2348Google Scholar. La conception élaborée par Gouldner suppose la même distinction: voir Gouldner, A.W., The Dialectic of Ideology and Technology. The Origins, Grammar and Future of Ideology, Londres, MacMillan, 1976, passim.CrossRefGoogle Scholar

8 Bien que l'A. ne semble pas très consequent puisqu'il écrit, un peu plus loin, que la domination «… est d'abord ce pouvoir presque magique de faire surgir une vérité à partir de la seule dynamique de l'imaginaire. Une fois la conviction intériorisée par les récepteurs, les comportements adéquats iront de soi… ». N 'est-ce pas rétablir la causalité entre l'idéologie et l'action ? En tout cas, c'est ambigu, comme Test fréquemment le discours de l'auteur.

9 Une telle approche est récusée - pour le moins, totalement ignorée - dans l'ouvrage. Elle est pourtant au coeur d'une entreprise qui intègre la tradition et propose une conception cohérente du social: Voir Dumont, F., Les ideologies, Paris, P.U.F., 1974, pp. 24, 27–28, 52, 118, 135–143, 170–171Google Scholar. Notonsqu'une analyse de la portée et du fondement épistémologique de cette approche montre en même temps que pour une sociologie à tendance « positiviste » l'idéologie semble devoir nécessairement apparaître comme un phénomène psychologique individuel et pathologique: voir Taylor, Ch., «Interpretation and the Sciences of Man», in The Review of Metaphysics, 25, I, pp. 350Google Scholar (à la p. 41). La conviction idéologique nous en fait voir quelque chose.

10 Ce qui semble faire problème c'est que la perspective et l'insistance privilégient la dynamique de l'individu. Bien qu'il soit question de «l'acteur social», de « saviors antérieurs de l'acteur » et de « nouvelles expériences sociales », le social n'est pas perçu et reconnu comme domaine spéciflque et réel. Et ce qui, peut-être, fait encore plus problème, c'est que l'individuel et le collectif sont distingués et séparés plutôt que conçus sur le mode d'une « fusion », d'une unité ou identité. Cette distinction du psychologique et du sociologique, ou encore de l'individuel et du collectif, ne doit-elle pas demeurer simplement méthodologique, ainsi que le prétendent, par exemple, Sapir (voir Anthropologie, Paris, Ed. de Minuit, 1967, p. 36Google Scholar) et Devereux, G. (voir Ethno-psychoanalyse complementariste, Paris, Flammarion, 1972, pp. 111sq.)?Google Scholar Elle ne dépendrait done que du point de vue de l'observateuret de certains aspects de l'objet étudié, notamment d'aspects quantitatifs et ne devrait pas entrainer de jugement sur la réalité. Ce que dit Sapir peut l'illustrer: «… II est absurde de dire que le comportement de l'homme est tantocirc;t individuel, tantôt social: …» (ibid.). Par son ton et son insistance sur le psycho-pathologique, La conviction ideologique peut nous faire croire, pas seulement que l'idéologie n'est que psychologique et individuelle, mais aussi que ce n'est qu'une aberration et un résidu. Mais cela n'est pas surprenant. Tout en signalant lui aussi, comme Sapir, l'identité du « mental» et du « social», Lévi-Strauss soutient qu'« II est de la nature de la société qu'elle s'exprime symboliquement dans ses coutumes et dans ses institutions;…», et qu'« au contraire, les conduites individuelles normales ne sont jamais symboliques par elles-mêmes: elles sont les elements à partir desquels un système symbolique, qui ne peut ètre que collectif, se construit». Et il ajoute: « Ce sont seulement les conduites anormales qui, parce que désocialisées et en quelque sorte abandonnées à elles-mêmes, réalisent, sur le plan individuel, l'illusion d'un symbolisme autonome ». («Introduction a l'œuvre de M. Mauss», in Marcel Mauss. Sociologie en anthropologie, Paris, P.U.F., 1966, pp. XVIXVIIGoogle Scholar). C. Moreux a-t-elle repris à son compte une telle fermeté et une telle dimension symbolique du social ? N'a-t-elle pas conçu les idéologies comme ces « conduits anormales » et« désocialisées » ? Si c'est le cas, en quoi s'agit-il de sociologie ? Signalons, pour alimenter une recherche, que Gouldner est d'avis que l'approche par la psychologie sociale est stérile dans le domaine de l'analyse de l'idéologie (Gouldner, op. cit., p. 64). Cependant, Clifford Geertz, refusant lui aussi la séparation du psychologique et du social et réprouvant (comme Moreux) l'anémie psychologique de la théorie marxiste, propose une intégration importante de la dimension psychologique dans une sociologie pour laquelle l'idéologie est un processus pleinement social, public et non privé: voir Geertz, C., «Ideology as a Cultural System», dans Apter, D.E. (éd), Ideology and Discontent, New York, Free Press, 1960, pp. 4776Google Scholar. (Serge Cantin a attiré mon attention sur le contenu de l'article de Geertz).

11 D'après la construction de la phrase le sujet de « adoptent» semble être «l'acteur » : done « adopte »; notons une autre erreur: « Mémoires d'une névropathe » pour « …d'un …» (pp. 88 et 123).

12 L'explication probabiliste préconisée aux pp. 104 sq. n'est pas plus développée que le reste.

13 Voir Gellner, E., « The Sociology of Faith », dans E. Gellner, Cause and Meaning in the Social Sciences, Londres et Boston, R.K.P., 1973, pp. 213218.Google Scholar

14 C'est la perspective de Dumont. Ce point de vue est méthodiquement élaboré par Gouldner dans l'ouvrage cité plus haut. Voir aussi C. Lefort, « La naissance de l'idéologie et l'humanisme », ainsi que d'autres articles dans Lefort, C., Les formes de l'histoire, Paris, Gallimard, 1978.Google Scholar

Par l'expression «trait spécifique de leur épistémologie », je fais allusion à l'idée selon laquelle l'idéologie est une forme de regard, de vision, propre à cette époque et à ces sociétés: Voir Dumont, Les ideologies, p. 156 et Gouldner, op. cit., p. 195.

15 Voir Marcel Fournier dans son compte-rendu de La conviction idéologique (Livres et auteurs québécois 1978, Québec, P.U.L., 1979, pp. 291294Google Scholar). « Dans certains cas ou conjonctures, note-t-il, l'idéologie peut certes avoir une ‘fonction thérapeutique’, être une sorte de ‘pansement’, mais souvent ce n'est la qu'une des conditions que l'idéologie doit satisfaire pour remplir ses fonctions sociales spécifiques qui ne concernent pas tant le maintien de l'équilibre mental des individus que le maintien de l'équilibre ou de l'ordre social»(p. 293). C est un aspect de la difficulté queje signalais plus haut(p. 635 et n. 4, p. 636, p. 637, n. 10). A cet égard, l'analyse que Devereux fait de la révolution hongroise de 1956 s'applique à montrer que des activités et mouvements collectifs sont inexplicables sans une conjonction de motivations psychologiques individuelles qui peuvent être très variées et d'un processus social particulier. Si ce processus social fait défaut, c'est alors qu'il y a pathologie: « conduites anormales » « parce que désocialisées »(Lévi-Strauss, cité ci-haut n. 10) ou expressions « profondément anxiogènes et sources de sentiments de culpabilité intenses pour l'individu », selon Devereux (cf. Devereux, op. cit., pp. 111–129). Ceci ne met done pas en question une thèse qui suppose chez l'individu un besoin de « cohérence mentale »(Moreux) et même qui admet que cette cohérence s'articule au collectif; mais ce qui est incongru c'est de donner à penser que la cohérence s'obtient en se rattachant à des discours sociaux illusoires qui seraient finalement « désocialisés », que ces discourse sociaux sont fabriqués de toutes pièces et que les processus sociaux, mouvements, groupes et institutions sont des langages dépourvus de pratiques. Mentionnons enfin ici qu'on peut se demander si cette perception de ce que j'ai nommé une « atomisation des idéologies » ne serait pas tout simplement une transposition au plan des phénoménes collectifs des différences enregistrées au plan des motivations et besoins individuels. Ce qui se rapproche indirectement de cette thèse de la « fin de l'idéologie » à laquelle n'est pas étrangère la technocratic (et le positivisme) qui, en dépit de la thése dont elle se charge - et peut-être pour se donner meilleure allure -, parait bien évidemment comporter sa proper idéologie (cf. Gouldner, op. cit., pp. 229–274) qui, soit dit en passant, semble avoir un référent assez solide.

16 En plus de ce qui est indiqué ci-haut à la n. 14, voir les travaux d'Arne Naess et de ses collaborateurs. Dans ce cas, nous n'avons pas affaire à une théorie de l'idéologie mais à une analyse sémantique et à un examen historique qui montrent que l'idéologie est conçu comme un fait durable et solide: Naess et autres, Democracy, Ideology and Objectivity. Studies in the Semantics and Cognitive Analysis of Ideological Controversy, Oslo et Oxford, 1956, pp. 148 sq.Google Scholar

17 Voir Granger, G.-G., « Sur le traitement comme objets des faits humains », in Savoir, Faire, Espérer. Les limites de la raison, Bruxelles, 1976, vol. 1, pp. 143157Google Scholar; l'objectivation des significations n'en reste pas moins un problème: voir ibid., pp. 157–169.

18 Naess et autres, op. cit., p. 171

19 Voir en ce sens G. Devereux dans sa préface à Nathan, Tobie (Sexualite ideologique et névrose, Lapensée sauvage, 1977, p. XI)Google Scholar; aussi Devereux, , From Anxiety to Method in the Behavioral Sciences, Mouton, 1967.CrossRefGoogle Scholar