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Organicisme en biologie et en psychologie

Published online by Cambridge University Press:  09 June 2010

Paul Pirlot
Affiliation:
Département de Biologie, Université de Montréal

Extract

Dans un ouvrage dont la lecture récente m'a incité à ecrire cet article, le professeur Ludwig von Bertalanffy, attaché jusqu'il y a peu de temps à l'Université del'Alberta à Edmonton, a présenté un nouveau plaidoyer en faveur de l'organicisme.

Plus précisément, Bertalanffy y propose à nos réflexions deux thèmes distincts mais qui sont traités, partiellement imbriqués l'un dans l'autre, dans chacune des deux parties du livre. D'une part, il s'agit d'une relance de ce qu'on appelle la théorie des systemes en biologie ou organicisme; d'autre part, l'auteur nous fait une pressante invitation à étendre les concepts organicistes au domaine de la psychologie humaine. En examinant critiquement ces deux themes, nous pourrons aussi tenter d'apprécier l'importance qu'a prise l'organicisme depuis qu'ont paru les deux premiers ouvrages où Bertalanffy s'en est fait l'avocat, en 1928 et 1932.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1970

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References

1 Bertalanffy, L. von. 1967. Robots, Men and Minds—Psychology in the Modern World. New-York, Braziller. VII + 150 pp. US $5.00Google Scholar. Cet ouvrage est fondé sur des conférences (The Heinz Werner Inaugural Clark Lectures) données par l'auteur à Clark University les 13 et 14 Janvier 1966 et publiées dans leur version originale par Clark University Press.

2 Les traductions sont parfois malaisées. Organismk biology peut être traduit par biologie organiciste, non pas organismique, le premier adjectif insistent mieux, en français, sur Pimportance de Porganisation globale; de mêtme, systems theory pourrait se dire en français théorie systémique par raison de brièveté et pour écarter les sens usuels données au mot systématique par le dictionnaire.

3 Kritische Theorie der Formbildung, 1928, Berlin, Schaxels Abhandlungen zur theoretischen Biologie, XXVIIGoogle Scholar. Traduction anglaise sous le titre : Modern Theories of Development, 1933, par J. H. Woodger, réédité en 1962 ê New-York dans la collection Harper Torchbooks. — Theoretische Biologie, 1932, 1942, Bd I, II, Berlin, Borntraeger, 2me ëd. 1951, Berne, Francke. Avant la réédition en anglais du premier ouvrage en 1962, avait paru en 1960 Problems of Life, également dans les Harper Torchbooks, reprise d'une première parution chez C. A. Watts and Co, London, 1952.

4 Elle s'est concentrée souvent, dans les écrits de Bertalanffy, autour d'une série répétée de titres incluant avant tout, outre les travaux de Bertalanffy lui-même, un petit nombre d'auteurs de langue allemande.

5 Le petit livre What is Life de Schroedinger (New-York, 1946) est cité par Bertalanffy dans Problems of Life. Même vieux d'un quart de siècle, cet ouvrage demeure important.

6 Par contre, Bertalanffy s'exprime en général beaucoup plus énergiquement dans ses critiques du mécanisme et de la conception de l'animal-machine. Descartes semble toujours avoir été sa « bête noire». II ne nomine que trios fois ce philosophe dans l'ouvrage recensée ici mais, dans ses livres antérieurs, il s'en prend souvent è lui, comme si Descartes était l'unique responsable de toutes les imperfections ou difficultés de la psychologie et de la biologie des temps modernes. Je croyais, pour ma part, que bien des choses se sont passées depuis trois siècles, qui ont influencé la philosophie et les sciences naturelles au moins autant que le Discours de la Metfwde et le Traité de l'homme. On dirait qu'en dehors de Descartes, Bertalanffy n'a presque rien lu de ce qui s'est publié en pays francophones.

7 C'est avec cette réserve que je comprendrais le texte de P. Chauchard : « ...an uninterrupted interior activity at the centre, that no longer depends obligatorily on activation by a particular reflex message, nor of necessity manifests itself in a motor response.» (Chauchard, P., Emission and reception of sounds at the level of central nervous system in vertebrates, in Acoustic behaviour of animals, Busnel, R.G., ed., Elsevier, Amsterdam, 1963, p. 559Google Scholar).

8 Sur laquelle, bien entendu, nos contemporains néo-darwiniens se gardent bien d'insister. J'y reviendrai dans une note d'histoire de la biologic La querelle darwinisme contre lamarckisme n'échappe pas toujours au soupçon de chauvinisme, aussi bien du côté anglo-saxon que du côté français. C'est souvent passablement ridicule autant qu'irritant pour le tiers observateur.

9 Proceedings of the III Systems Symposium at Case Institute of Technology. Edited by Mesarovié, M.D.. 1968, New-York, Springer, XI + 403Google Scholar pp.

10 Parmi beaucoup d'autres, rappelons : Olson, E.C. and Miller, R.L., 1958, Morphological Integration, Chicago, The University of Chicago PressGoogle ScholarYourgrau, W, 1952, La Théorie des systèmes et la controverse vitalisme-mécanisme, Scienza, 87, suppl. : 168172Google Scholar.

11 Guye, C.E., 1922, L'Èvolution physico-chimique, 2me éd;, Paris, Chiron et 1947, 3me éd; Paris, HermannGoogle Scholar.

12 Le mot est de Pittendrigh, C.S., dans « Adaptation, Natural Selection and Behavior », in Behavior and Evolution, 1958 ed. Roe, A. and Simpson, G.G., New-Haven, Yale University Press, p. 394, et il est destiné è désigner les adaptations fondées sur la sélection naturelle.Google Scholar

13 Le système réticulaire étudié par plusieurs participants du symposium Case (pp. 261 è 375) et mentionné par Bertalanffy (p. 127) est peut-être le site idéal pour de telles régulations intrinsèques.

14 Dans certaines limites spécifiques à ces relais, je suppose; l'auteur ne précise pas ce point.

15 Aspect téléologique qui rappelle dans une certaine mesure la finalité conçue à partir des phénomènes de régulation (Driesch).

16 “…the conclusion we have reached then is that the reasons to resort to teleology in biological studies can be presented as purely formal” (italiques de Mesarovć).

17 Détail intéressant : Bertalanffy qualifie lui-même (l.c.) sa réponse de « simple » : ce mot sert souvent à couper court à toute discussion!

18 «Anatomie comparée ou morphologie évolutive dans les recherches contemporaines sur l'évolution », Rev. Quest. Sc. Sous presse.

19 Mendelsohn, E. 1965. Physical Models and Physiological Concepts: Explanation in Nineteenth Century Biology. —Boston Studies in the Philosophy of Science, vol. IINew-York, Humanities Press: 127Google Scholar.

20 Oppenheimer, J. M. 1967 Essays in the history of embryology and biology. The M.I.T. Press, Cambridge, MassGoogle Scholar.

21 Parce que je crois, par observation directe de l'homme, à une certaine dose de liberté et done de responsabilité humaine.

22 J'aimerais citer ici l'avis d'un neurologue de profession, opinion équilibrée, me semble-t-il, entre celle de Bertalanffy et celle des environnementalistes que ce dernier critique. “Thus Gestalt philosophy has considered the functioning of the brain as an integrated whole, quite unrelated to the reflexes, the nerve impulses, the excitations and the inhibitions that are revealed by physiological analysis. Quite rightly, the psychophysiologists rejected this organicist “mythology”, but they themselves were wrong in not realizing that it was in a better comprehension of cerebral mechanisms that the solution of the problem resided, as did also the just reply to the objections they had to face”. (Chauchard, P. o.c. p. 558).

23 L'auteur introduit la seconde partie de son ouvrage par ce qui semble être une mise au point de sa position philosophique mais, à mon avis, ne la raffermit pas suffisamment. Je cite : « You, the reader, may wonder about that oldfashioned term « natural philosophy» in the title of this essay. Is it not the hallmark of modern science that it got rid of obsolete philosophy? Have modern positivists—including the Vienna School where I myself started more than forty years ago—worked in vain and am I going to reinvoke the ghosts of metaphysics? Do I wish to revivify medieval superstition in the age of nuclear physics and molecular biology? » Et Bertalanfry de citer un peu plus loin la « philosophic naturelle » de Newton : tout le monde sait que ces mots n'avaient pas au temps de Newton exactement le même sens que de nos jours et que le physicien anglais a écrit une œuvre avant tout scientifique au sens étroit (p. 55). Dans ses ouvrages antérieurs, BertalanfFy se situe, comme on sait, dans la « Gestalt philosophy » : c'est une étiquette plutdt qu'un programme complet et cohérent.

24 Egler, F.E. 1953, Bertalanffian OrganismicismEcology 34 (2) : 443Google Scholar

26 Bertalanffy, L. von :, 1940, Der Organismus als physikalishes System betrachtetDie Naturwissenschaften, Ht 33 : 521Google Scholar. Idem, 1948, Das organische Wachstum und seine Gesetzmässigkeiten—Experientia, 4 : 255Google Scholar.

26 Qui, si possible, ne serait plus brumeuse ni teintée du romantisme de certaines philosophies allemandes de type igme siècle, déjà rejetées par des biologistes éminents voici plus de 100 ans — cf. Mendelsohn, o.c. p. 130.

27 Au moment même où les épreuves de cet article me sont communiquées, je trouve en librairie un nouveau livre de von Bertalanffy, L.: General System Theory, New-York, Braziller, xv, 289 pp.Google Scholar, terminé en mars 1968 et imprimé en février 1969, mais que je n'ai vu nulle part au Canada auparavant. L'ouvrage est manifestement une somme de la pensée de l'auteur au cours de sa carrière. Sa table des matières est des plus alléchantes. À mon regret, je ne pourrai le lire sérieusement avant la parution de mon article; mais je le ferai de toute manière. J'accueille avec une sympathie a priori la synthèse que semble offrir ce nouvel ouvrage. Je noterai seulement que, p. xi, il est écrit que « most of the chapters in this volume have previously appeared, sometimes in modified form » et, p. VIII, que « the present work consists of studies written over a period of some thirty years » et aussi que « the first announcement of general system theory (1945) is reproduced as Chapter 3, abridged and somewhat rearranged but otherwise true to the original». J'espère que je ne vais pas me trouver une fois encore en présence de pures répétitions et j'applaudis par anticipation à tout progrès ou nouveau développement de la pensée organiciste qui peut s'y rencontrer.