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Entre la philosophie et la science: le reconstructionnisme herméneutique de J. Habermas

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Claude Piché
Affiliation:
Université de Montréal

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Au moment où, dans la postface de 1973 à son livre Erkenntnis und Interesse, Habermas dresse le bilan des principales objections quilui ont été adressées, il est amené à faire état d'une distinction cruciale qui n'avait pas été dégagée de façon suffisamment claire dans le texte. Le point six de cette postface est intitulé « Reconstruction contre autocritique », et il débute comme suit:

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Articles
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References

1 « Nachwort », dans Erkenntnis und Interesse (ci-aprés El) (Francfort: Suhrkamp, 1973), 411; trad. fr. G. Clémençon et Brohm, J.-M., Connaissance et intérêt (Paris: Gallimard, 1976), 367Google Scholar (souligné par nous). Cf. du même auteur, « Einleitung zur Neuausgabe », dans Theorie und Praxis (ci-aprés TP) (Francfort: Suhrkamp, 1971), 28-29; trad. fr. par Raulet, G., Théorie et pratique, t. 1 (Paris: Payot, 1975), 52Google Scholar. Voir également le même, « Der Universalitätsanspruch der Hermeneutik » (1970), dans Hermeneutik und Ideologiekritik (Frankfort: Suhrkamp, 1971), 126Google Scholar. Et encore tout recemment: Der philosophische Diskurs der Moderne (Francfort: Suhrkamp, 1985), 350Google Scholar.

2 Horkheimer, Max, « Traditionelle und kritische Theorie » (1937), dans Die gesell-schaftliche Funktion der Philosophie (Francfort: Suhrkamp, 1974), 164, n. 14Google Scholar; trad. fr. par Maillard, C. et Muller, S., dans Théorie traditionnelle et théorie critique (Paris: Gallimard, 1974), 37, n. 14Google Scholar.

3 Jürgen Habermas, « Vorbereitende Bemerkungen zu einer Theorie der kommunikativen Kompetenz », dans Theorie der Gesellschuft oder Sozialtechnologie, en collaboration avec N. Luhmann (Francfort: Suhrkamp, 1971). Du même auteur, « Wahrheitstheorien », dans Fahrenbach, H., red., Wirklichkeit und Reflexion, Festschrift für Walter Schulz (Pfullingen: Neske, 1973)Google Scholar. Voir également le même, « Was heisst Universalpragmatik? », dans Apel, K.-O., red., Sprachpragmatik und Philosophie (Francfort: Suhrkamp, 1976)Google Scholar.

4 Cf. les diverses contributions réunies dans Jürgen Habermas, Zur Rekonstruktion des historischen Materialismns (Francfort: Suhrkamp, 1976); trad, fr., Après Marx (Paris: Fayard, 1985).

5 « Zwischen Philosophic und Wissenschaft: Marxismus als Kritik » (1960), dans TP, 244; trad, fr., « Entre philosophie et science: le marxisme comme critique », dans t. 2, 25.

6 TP, 246; trad, fr., t. 2, 26. Cf. Rüdiger Bubner, « Habermas's Concept of Critical Theory », dans Thompson, J. B. et Held, D., red., Habermas: Critical Debates (Cambridge, MA: MIT Press, 1982), 4256CrossRefGoogle Scholar. Voir la réévaluation critique par Habermas des reproches de Bubner jointe au meme recueil « A Reply to my Critics », 229 sq.

7 Habermas, Jürgen, Legitimationsprobleme im Spätkapitalismus (Francfort: Suhr-kamp, 1973), 10Google Scholar; trad. fr. par Lacoste, J., Raison et légitimaté (Paris: Payot, 1978), 12.Google Scholar

8 TP, 9-10; trad, fr., t. 1, 33-34.

9 TP, 17; trad, fr., t. l, 41.

10 « En anticipant le contexte de son application la critique se differencie de ce que Horkheimer a appelé la théorie traditionnelle. Elle comprend que son exigence de validité ne peut être satisfaite que par la réussite de l'emancipation, c'est-à-dire par la discussion pratique de ceux qu'elle concerne. La critique renonce à la contemplation que visent les monologues théoriques conçus dans l'isolement et remarque de plus que l a philosophie, en dépit même de ses prétentions contemplatives, n'a jusqu'à maintenant jamais fait que prétendre à la contemplation. » TP, 10; trad, fr., t. l, 34 (souligné par Habermas).

11 « Les conséquences pratiques de l'auto-réflexion sont des changements d'attitude entrainés—et ce ipso facto—par la connaissance decausalités passées… La certitude de l'auto-reflexion s'appuie au contraire sur le fait que le processus de formation rappele a la memoire est parcet acte meme rabaisse au plan du passe. » TP, 44-45; trad, fr. modifiée, t. l, 66-67.

12 El, 267; trad, fr., 251.

13 El, 310-332; trad, fr., 285-304.

14 El, 316; trad, fr., 291.

15 El, 319; trad, fr., 293.

16 El, 332; trad. fr. 303-304.

17 Gadamer, Hans-Georg, Wahrheit und Methode (Tübingen: Mohr, 1975), 290295Google Scholar; trad, fr. par Sacre, E., Vérité et méthode (Paris: Le Seuil, 1976), 148153Google Scholar.

18 El, 332; trad, fr., 303. TP, 17; trad, fr., t. 1, 41.

19 « Freud rencontre cette unité de la raison et de l'intérêt dans la situation où la maïeutique du médecin ne peut promouvoir l'autoréflexion du malade que sous une compulsion pathologique, et par l'intérêt correspondant pour la suppression de cette compulsion. » El, 349; trad, fr., 318.

20 El, 350; trad, fr., 319.

21 El, 331; trad, fr., 302.

22 « La métapsychologie traite d'une connexion tout aussi fondamentale: celle qui existe entre la déformation du langage et la pathologie du comportement. Ce faisant, elle présuppose une théorie du langage ordinaire dont la tâche est aussi bien d'élucider la validité intersubjective des symboles et la médiation parle langage des interactions sur la base d'une réconnaissance reciproque, que de rendre compréhensible l'acquisition de lagrammaire des jeux de langage et la socialisation qu'elle entraine comme processus d'individuation. » El, 311; trad, fr., 286-287 (souligné par Habermas).

23 TP, 23; trad. fr. modifiée, t. l, 47.

24 El, 282; trad. fr. modifiée, 263.

25 Voir les allusions précoces au projet de Erkenntnis und Interesse dans « Zwischen Philosophie und Wissenschaft … » (1960), TP, 243, 270; trad, fr., t. 2, 24, 49.

26 El, 9; trad, fr., 31 (souligné par Habermas).

27 EL, 369; trad, fr., 335.

28 TP, 15-16; trad, fr., t. l, 39-40. El, 394; trad, fr., 353.

29 TP, 16; trad, fr., t. 1, 40.

30 EL, 413; trad, fr., 368.

31 Ibid.

32 TP, 16, 27; trad, fr., t. l, 40, 51.

33 TP, 30; trad, fr., t. l, 54. El, 414; trad, fr., 369.

34 Cf. la leçon inaugurale de 1965 « Erkenntnis und Interesse », dans Technik und Wissenschaft ah Ideologie (Francfort: Suhrkamp, 1968); trad. fr. par Ladmiral, J.-R., La technique el la science comme idéologie (Paris: Gonthier, 1978).Google Scholar

35 TP, 30; trad, fr., t. l, 54. A cette énumération, Habermas ajoutera en 1980 l'éthique, la théorie de l'action, l'esthétique et la théorie de l'argumentation. Cf. Habermas, Jürgen, Morulhewusstsein und kommunikatives Handeln (ci-après MBKH) (Francfort: Suhrkamp, 1983), 40.Google Scholar

36 TP, 47, n. 35; trad, fr., t. l, 69, n. 39.

37 TP, 31; trad, fr., t. l, 54.

38 TP, 29; trad, fr., t. l, 52. El, 413; trad, fr., 368.

39 Déjà en 1957, Habermas insiste sur l'importance du « dialogue » et sur la répression dont il fait l'objet: « Literaturbericht zur philosophischen Diskussion um Marx und den Marxismus », dans TP, 440; trad, fr., t. 2, 215. De même en 1961, on découvre un Habermas préoccupé par la « force du meilleur argument ». Cf. Strukturwandel der Oeffentlichkeit (Neuwied: Luchterhand, 1976), 73; trad. fr. par Launay, M. de, L'espace public (Paris: Payot, 1978), 64.Google Scholar

40 Habermas, Jürgen, Theorie des kommunikativen Handelns, t. l(ci-apres TKH) (Franc-fort: Suhrkamp, 1981), 7.Google Scholar

41 Habermas, Jürgen, Zur Logik der Sozialwissenschaften (nouv. éd. aug.; Francfort: Suhrkamp, 1982), 10. Cf. TKH, t. 2, 583.Google Scholar

42 Zur Logik der Sozialwissenschaften, 11, n. 12; cf. dans ibid., « Objektivismus in den Sozialwissenschaften »(1977), 587-593. Voirégalement« A Reply to my Critics », 233, ainsi que « Ein Interview mit der New Left Review », dans Habermas, J., Die neue Unübersichtlichkeit (Francfort: Suhrkamp, 1985), 217.Google Scholar

43 Ibid., 7, 8, 10.

44 TKH, t. l, 7, 176. Cf. aussi « Vorbereitende Bemerkungen zu einer Theorie der kommunikativen Kompetenz », 121, 131, 136. Dansune récente monographie (Jürgen Habermas [Paderborn: Schöningh-UTB, 1984]), Helga Gripp a très bien su réperer la preoccupation centrale de Habermas: doter la théorie critique de critères assurés (7,61, 76, 108, 115, 120). Cependant, la « thése » (110) de cette étude vise à établir une continuité dans l'itinéraire philosophique de Habermas au point d'ignorer l'abandon de la théorie de la connaissance dans les écrits les plus récents (117). Gripp ne semble pas realiser que le refus par Habermas de faire accéder la théorie de l'action communicationnelle au plan d'une métathéorie (73) équivaut à l'abandon de tout point de vue épisté mologique.

45 Dans MBKH, 9-28.

46 MBKH, 23. POurce qui est de l'application des sciences reconstructives au domaine de l'esthétique, certaines affirmations récentes de Habermas à ce sujet sont empreintes de pessimisme: cf. « Questions and Counterquestions », Praxis International 4 (1984), 236.

47 MBKH, 37.

48 Zur Logik der Sozialwissenschaften, 11.

49 Cf. n. 35.

50 MBKH, 129.

51 « Was heisst Universalpragmatik? », 189-190.

52 Ibid., 203.

53 MBKH, 41, 127-129.

54 MBKH, 49, 129.

55 MBKH, 128; cf. 49.

56 Cf. n. 3.

57 MBKH, 127, 128, 23. TKH, t. 2, 588.

58 Jürgen Habermas, « Vorlesungen zu einer sprachtheoretischen Grundlegung der Soziologie » (1970/71), dans Vorstudien und Ergänzungen zur Theorie des kommunikativen Handelns (Francfort: Suhrkamp, 1984), 18-19. Cf. « Was heisst Universalprag-matik? », 193, 197. Habermas insiste sur le rôle de la raison dans cette coïncidence du savoir et de son objet quand il affirme que la ration cognoscendi se fonde sur la ratio essendi, TKH, t. 2, 590.

59 MBKH, 116, 118, 119.

60 MBKH, 189-190. Cf. Jürgen Habermas, « Über Moralität und Sittlichkeit—Was macht eine Lebensform “rational”? », dans Schnädelbach, H., réd., Rationalitdt (Francfort: Suhrkamp, 1984), 218235.Google Scholar

61 MBKH, 191 (traduit par C.P.); cf. 114.

62 MBKH, 205, n. 55.

63 Wahrheit und Methode, 289-290; trad, fr., 146-148.

64 MBKH, 190-197; cf. 119, 35.

65 Kant, , Kritik der reinen Vernunft, A 132Google Scholar; trad. fr. par Tremesaygues, A. et Pacaud, B., Critique de la raison pure (Paris: P.U.F., 1971), 148Google Scholar.

66 MBKH, 192-194.

67 La réfeŕence faite par Ernst Tugendhat à la faculté de juger kantienne semble de ce point de vue beaucoup plus conforme à l'« actualité herméneutique d'Aristote » telle que mise en lumière par Gadamer. Tugendhat montre que le contexte d'utilisation de la règie morale universelle ne se comporte pas comme un matériau passif au moment de l'application; au contraire, la situation concréte spècifie, détermine et même modifie le précepte abstrait. Cf. « Drei Vorlesungen über Probleme der Ethik » (1981), dans Probleme der Ethik (Stuttgart: Reclam, 1984), 98-101.

68 MBKH, 16, 18, 113, 128.

69 Habermas, Jürgen, « Die Moderne—eine unvollendetes Projekt » (1980), dans Kleine politische Schriften I-IV (Francfort: Suhrkamp, 1981), 444464Google Scholar; trad. fr. par Raulet, G. « La modernité: un projet inachevé », Critique 413 (1981), 950967Google Scholar.

70 MBKH, 37-38.

71 MBKH, 41 (traduit par C.P.).

72 TKH, 590, 592.

73 Legitimationsprobleme …, 99-100; trad, fr., 101. En 1972, c'est-à-dire l'année précédant la rédaction de Legitimationsprobleme …, Habermas avait tenté de démontrer jusqu'à quel point la conception de la critique chez Benjamin, loin de s'en tenir à une simple conscientisation au sens d'un e critique de l'idéologie, exerce une fonction intégrative à l'endroit de la tradition et de ses « énergies sémantiques ». La critique se fait alors salvatrice. Cf. « Bewusstmachende oder rettende Kritik », dans Philosophisch-politische Profile (nouv. éd. aug.; Francfort: Suhrkamp, 1981), 365-376.

74 Habermas, Jurgen, « Urbanisierung der Heideggerschen Provinz », dans Das Erbe Hegels, en collaboration avec Gadamer, H.-G. (Francfort: Suhrkamp, 1979), 30.Google Scholar

75 Stmkmrwandel der Oeffentlichkeit, 105, 276; trad, fr., 93, 243. Telle est la chance qui a été précisément manquée par les représentants de la théorie critique classique. En développant de façon outrancière la « dialectique des Lumières », Adorao et Horkheimerontfinalementtourné l'autoreflexion contre les éléments émancipateursde leur propre « tradition ». Cf. Habermas, Jürgen, « Wozu noch Philosophie? », dans, Philosophisch-politische Profile, 3132Google Scholar; trad. fr. par F. Dastur, Ladmiralet, J.-R.Launay, M. de, Profits philosophiques et politiques (Paris: Gallimard, 1974), 43Google Scholar. Voir egale-ment du meme auteur, « Die Verschlingung vo n Mythos und Aufklärung-Bemerkungen zur Dialektik der Aufklärung—nach einer erneuten Lektüre », dans Bohrer, K. H., red., Mythos und Moderne (Francfort: Suhrkamp, 1983). Et plus récemment encore « Ein Intervie w mit der New Left Review », 219Google Scholar.